Bienvenue sur cette page consacrée au tir à l'arc, une passion qui m'anime depuis quelques années.

Ici, je parlerai de tir intuitif à l'arc nu, de longbows médiévaux et modernes, d'arcs composites turco-mongols, de billebaude dans les bois, et de respiration diaphragmatique..

J'ai découvert le tir à l'arc traditionnel et historique en 2007, alors que je travaillais comme guide, calligraphe et musicienne dans un château du sud de l'Ardèche. J'ai rapidement investi dans un longbow et quelques flèches, avant de théâtraliser des joutes devant le public.

Par la suite j'ai pratiqué le tir au longbow pendant une dizaine d'années, lors de fêtes médiévales et sur des parcours nature et 3D, tout en me renseignant sur les différentes méthodes de fabrication des arcs, des flèches, du matériel en cuir, etc, mais surtout sur l'histoire de l'archerie, qui m'a profondément passionnée.

C'est tout naturellement que cet interêt pour l'Histoire, ainsi que mon métier de musicienne, m'ont amenée vers l'Orient, et plus particulièrement vers la Turquie, où j'ai découvert un monde de l'archerie plus riche que je n'aurais osé l'imaginer : le tir à l'arc traditionnel turc (geleneksel türk okçuluğu) m'a rapidement passionnée.

A l'été 2021 j'ai rédigé une conférence, les Arcs de la Route de la Soie, pour le Musée de l'Archerie et du Valois. La première de cette conférence a été filmée, voir la page "Vidéo".

Je m'intéresse aujourd'hui à l'évolution de l'archerie historique en Orient et en Occident, principalement au Moyen-Âge (des Croisades à la Guerre de Cent Ans).


Quelques références internet :

- Le site de Jean-Michel Benazeraf, disciple de Jean-Marie Coche, pionnier de la discipline et fondateur de l'école de la Voie Médiane : Les Chemins de l'Arc Droit

- La chaine Youtube d'Armin Hirmer, spécialiste des arcs orientaux (et sa page Facebook) - (en anglais).

- Le site Tirendaz, tout sur le tir traditionnel turc (en anglais).

- La page Facebook de Murat Özveri, spécialiste du tir traditionnel turc.

- La page Facebook de Living Arrow Horseback Archery, sur la technique de tir à pieds et à cheval de Mihai Cozmei.


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Mars 2020




Châteauneuf du Rhône (Drôme)
Décembre 2011




Un peu d'Histoire ?
Le texte suivant a été synthétisé, rédigé et mis en page à l'occasion d'une animation médiévale à Carcassonne à l'été 2021 avec la Compagnie Armutan.

Liste des sources : Guilhem Puech, Bahattin Manuş, Turkish Traditional Archery (Murat Özveri), Persian Archery and Swordsmanship: Historical Martial Arts of Iran (Dr. Manouchehr Moshtagh Khorasani), L'Arc Composite ou l'arc oriental (Gilles Bongrain), Mounted Archers of the Steppe - 600BC-AD1300 (Antony Karasulas), Pratiques et représentations dans le fait militaire au Moyen Âge. L’exemple de l’archerie en terre d’islam (Valérie Serdon-Provost), La Furusiyya des Mamlûks - Une élite sociale à cheval (1250-1517) (Agnès Carayon), A Persian archery manual by Mohammad Zamān (Manouchehr Moshtagh Khorasani & Bede Dwyer), Wikipedia

Le texte est téléchargeable en pdf ici


L'arc droit, simple, existe très probablement depuis plus de 20 000 ans. Les premiers arcs presque complets qui sont arrivés jusqu'à nous sont les arcs de Holmegaard (Danemark), et datent d'il y a 10 000 ans.

L’arc composite, quant à lui, est né il y a environ 4000 ans, quelque part entre l’Oural et l’Altaï, en Asie centrale. Il a été utilisé depuis par tous les guerriers des steppes d’asie centrale : les scythes, les parthes, les Huns, les Avars, les Magyars, les Mongols, les Turcs… mais aussi par les sarrazins et les chinois.



Qu'est-ce qu'un arc composite ?

On va renforcer l’âme de l’arc, en bois ou en bambou, avec des tendons sur le dos de l’arc (partie vers la cible) pour plus d’extension, et avec de la corne sur le ventre de l’arc (partie vers l’archer) pour résister à la compression.
Les différents éléments sont collés avec des colles à base de poisson (la meilleure étant la colle de vessies natatoires d’esturgeon).
Le tout est enrobé de cuir, d’écorce, ou de peau de serpent pour protéger des intempéries et éviter que l'arc ne s'abime.
On va également rajouter des siyahs (en bois ou en os), qui font office de bras de levier, à l’extrémité de chaque branche, et qui vont démultiplier la force humaine nécessaire pour armer l’arc.
Les cordes sont traditionnellement en cuir, tendon, boyaux, fibre de bambous, crin de cheval, soie, etc, en fonction des matériaux auxquels on a accès. Elles possèdent en général une boucle autonome à chaque extrémité pour se fixer sur les encoches des siyahs.
Il faut de deux à cinq ans (si l’on comprend le séchage des bois, des colles et des tendons) pour confectionner un arc composite digne de ce nom.



L'archerie occidentale

Histoire

L’arc long anglais (en anglais longbow), également appelé arc droit, est une évolution de l’arc gallois. Il s’agit d’un arc médiéval très puissant, d’environ 1,70m à 2m de long, très utilisé par les Anglais, à la fois pour la chasse et la guerre.
Son utilisation par l’armée anglaise naît de ses déconvenues lors des guerres en Pays de Galles et en Écosse. Les Anglais décident alors d’y recourir massivement, ce qui permet de vaincre les piquiers gallois, puis écossais. Cette arme se révèle encore décisive pendant la plus grande partie de la guerre de Cent Ans (particulièrement lors des batailles de Crécy, de Poitiers et d’Azincourt).
De nombreuses solutions sont essayées par les Français pour neutraliser cette arme redoutée : mise à pied des combattants montés, augmentation de la surface protégée par les armures, protection des chevaux, neutralisation des archers ou création des compagnies d’ordonnances et des francs-archers. Les Français doivent longtemps se résoudre purement et simplement à éviter de combattre les Anglais de front en rase campagne et réorientent leur stratégie vers une guerre de siège, utilisant la tactique de la terre déserte qui laisse les chevauchées anglaises libres de piller le pays. La stratégie défensive qu’implique l’utilisation de l’arc long est seulement battue en brèche par l’apparition de l’artillerie de campagne : l’armée anglaise est alors écrasée à Formigny et à Castillon après avoir été défaite à la bataille de Patay où les archers n'ont pu se retrancher à temps et ont été anéantis par la cavalerie lourde française.
Au XVIe siècle, les archers sont définitivement supplantés par les arquebusiers.

Le longbow

L'arcs long historique est généralement en if, bois dont les qualités font qu'il se comporte comme un arc composite : en effet, l’if est mis en forme de telle sorte qu’il comprend une partie d’aubier (au dos) et une partie de cœur (ventral), le duramen. L’aubier travaille en traction et le cœur en compression. Leurs propriétés se complètent et confèrent à cette arme des qualités balistiques bien supérieures aux arcs simples tirés d’autres essences. D’autres bois d'arc de substitution (par efficacité décroissante : orme, frêne, noisetier, voire chêne) peuvent être utilisés, mais au prix d’une perte notable d’efficacité. Sa section est circulaire au niveau de la poignée, mais en forme de D pour les branches.
Comme pour les arcs orientaux, il ne possède pas de repose-flèche ni de fenêtre de tir : la flèche repose sur la main de l'archer, côté extérieur de l'arc (alors que la flèche est à l'intérieur pour les arcs orientaux). On arme l'arc avec les doigts de la «main de corde» ; plusieurs options sont possibles mais la plus courante est la préhension méditerranéenne : index au dessus de la flèche, et majeur et annulaire en dessous.
La corde est le plus souvent en chanvre (ou en soie pour quelques rares arcs de haut prestige), et on la cire régulièrement pour prolonger sa durée de vie. La corde coûte la moitié du prix de l'arc. A partir du début du XIVe siècle, les extrémités de l'arc long (les poupées) sont renforcées par de la corne échancrée sur laquelle vient de fixer la boucle de la corde. Il faut environ une journée à un artisan spécialisé pour fabriquer un arc long (contre deux à cinq ans pour un arc composite), ce qui en fait une arme bon-marché et particulièrement dévalorisée. Cependant, les artisans qui les fabriquent disposent de certains privilèges comme des franchises fiscales.
Les flèches, quant à elles, sont assez standardisées car elles sont produites en énormes quantités. Elle sont lourdes, comparées aux flèches des arcs composites, ce qui augmente leur capacité de perforation ; plus les armures évoluent, plus les artisans doivent adapter les flèches. Elles mesurent entre 60 et 80cm, et la hampe est en peuplier ou en frêne le plus souvent. L'empennage est en plume d'oie, et parfois ligaturé à la hampe pour le renforcer.
La puissance de l’arc et la technique de tir à 3 doigts (préhension méditerranéenne) imposent le port de gants de cuir. Le modèle type est un demi-gant de cuir fixé au poignet couvrant l’index, le majeur et l’annulaire. Un brassard en cuir, sanglé sur l’avant-bras qui tient l'arc, protège l'archer.
L'arc français, dit «arc bourguignon», est un arc droit légèrement plus court que le longbow, et ses branches sont légèrement recourbées au niveau des poupées, peut être par inspiration des arcs orientaux. Il est moins puissant et tire moins loin, mais il est plus précis.

Situation sur le champ de bataille

En occident, l'arc est une arme de piéton. Il équipe les soldats peu fortunés qui achètent eux-même leur équipement, ce qui en fait une arme sans prestige. De plus, dans la société médiévale occidentale, le code de chevalerie glorifie le combat au corps à corps, à l'épée, à la hache ou à la masse. Les armes à distance sont mal vues, car jugées peu honorables (l’Église tentera même de les interdire au IIe concile du Latran en 1139).
Sur le champ de bataille, les flèches sont transportées sur des chariots et fournies aux archers par faisceaux ligaturés de 12 ou 24. Le carquois n’est pas fréquent chez les archers anglais du XIVe siècle : on estime que sortir la flèche du carquois prend trop de temps et ralentit la cadence de tir, alors les flèches sont plantées à même le sol devant le tireur. Au début du XVe siècle apparaît la trousse, un cylindre de toile cirée ou de cuir fin huilé, dont une extrémité est cousue d’un rond de gros cuir percé de 12 ou 24 trous afin de passer les flèches. Ce carquois très léger permet à la fois de protéger les flèches de l’humidité et aux archers montés de transporter leurs munitions à cheval.
Aux XIVe et Xve siècles, un archer anglais devait pouvoir tirer au moins dix flèches par minute, allant jusqu’à seize tirs ajustés par minute pour les archers expérimentés. Sur le champ de bataille, de jeunes garçons étaient utilisés pour ravitailler les hommes en flèches. Celles-ci étaient posées en vrac devant les archers ou plantées à même la terre. Cette dernière méthode permet de raccourcir au maximum le temps nécessaire pour tirer une flèche.
La cadence de tir des arcs longs anglais est bien supérieure à celle des arbalètes (capables au maximum de tirer quatre fois par minute) ou de n’importe quelle autre arme de jet de l’époque. L’adversaire est alors soumis à une pluie de flèches, ce qui rend efficace un tir à longue portée où la perte de précision causée par la distance est compensée par la quantité de flèches envoyées. Ceci constitue une énorme différence par rapport à l’arbalète qui s’emploie en tir tendu et qui devient forcément moins précise avec la distance. D’autre part, l’arc pouvant facilement être débandé et sa corde mise à l’abri, il est beaucoup moins vulnérable à la pluie qu’une arbalète (ce qui a été décisif, notamment lors de la bataille de Crécy), d’autant que les cordes de nerfs des arbalètes perdent de leur puissance quand elles sont humides, contrairement aux cordes en chanvre des arcs longs qui gagnent en dureté lorsqu’elles sont mouillées.



Quelle puissance avaient les arcs médiévaux ?

L'arc anglais ayant particulièrement fait parler de lui, la plupart des mesures utilisés en archerie traditionnelle occidentale appartiennent au système anglo-saxon : la puissance d’un arc se mesure par convention en livres (écrit #) pour 28 pouces d’allonge (c'est à dire 71 cm). Un arc de 80 livres (80#) signifie donc qu'il faudait un poids de 80 livres (36kg) accroché à la corde pour lui faire atteindre les 28 pouces d'allonge. Il faut donc à un archer une force de 36kg pour armer l'arc à 28 pouces. Mais certains arcs orientaux (mongols, chinois, coréens, etc) s'arment à des allonges bien supérieures, parfois 31, 32 ou 33 pouces !
Pendant la guerre de Cent Ans, où les archers étaient particulièrement entraînés, les arcs nécessitant pour être armés une force de 120 à 130 livres (soit 50 à 60 kg-force) étaient particulièrement répandus : les arcs retrouvés sur l'épave du Mary-Rose et datant de 1545 nécessitent une force de 80 à 180 livres.
La vitesse des flèches est initialement d’environ 55 m/s (200 km/h) et chute à 36 m/s (130 km/h) à 200 m. Leur portée est estimée entre 165 et 228 mètres, bien qu’une réplique d’un des arcs trouvés à bord du Mary Rose ait tiré une flèche de 53,6 grammes à 328 mètres et une flèche de 95,9 grammes à 249,9 mètres. Les flèches sont cependant incapables de percer une armure de plates à cette distance. Elles sont efficaces contre les cottes de mailles quand la distance est inférieure à 100 mètres et contre les armures de plates à moins de 60 mètres.



L'Archerie Orientale

L'archerie arabe

Avant l'islam, les arcs ne sont que très rarement utilisés, pour la chasse principalement. Dès le début de l’expansion de l’Islam (VIIème siècle), les arabes vont utiliser l'archerie militaire, bien qu'elle reste longtemps minoritaire, mais au contact des populations d'Asie Centrale, l'archerie va se développer.

Les arabes y consacrent une importante littérature, écrivent de nombreux traités sur sa construction, sur les techniques de tir, etc. On peut citer la Furusiyya des mamelouks, un véritable code militaire extrêmement complet qui accorde une grande part à l'archerie, mais également à l'équitation, au combat à l'épée et la lance, à la fauconnerie, etc. Ce traité a été écrit et amélioré continuellement entre les XIIIe et XVIe siècles.

Ils appellent l'arc composite «le disjoint» car composé de multiples parties : la poignée (maqbid), les branches (quab), les leviers d'encoche (siyya), et la corde (watar) forment l'arc (qaws).

Ils conseillent, pour un bon tir :
- trois éléments en ligne : le fer de flèche, le passage de flèche, le coude
- trois éléments fermes : la main droite, la main gauche, le coude gauche
- trois éléments souples : la tête, la nuque, les lèvres


Ils distinguent 8 étapes à travailler :
- encorder, ou bander l'arc (15 positions différentes…)
- se mettre en position
- la position de la main sur la poignée de l'arc
- l'encochage de la flèche
- la position des doigts sur la corde
- l'entois, c'est-à-dire le fait d'armer l'arc),
- la visée de la cible
- la décoche


L'archerie mongole

L'armée mongole est composée exclusivement de cavaliers, majoritairement «légers» et archers, qui harcèlent l’ennemi, l’encerclent, lui font croire qu’ils fuient avant de faire pleuvoir sur lui une pluie de flèches en tirant tout en se retournant sur leur selle au galop (technique appelée le tir parthe).

Il s'agit d'une armée organisée sur un système décimal : petite unité = une dizaine, regroupées en centaines regroupées en milliers, regroupées en tümen, soit 10 000 hommes. Certaines armées mongoles ont compté plus de 100 000 hommes. La garde de Gengis Khan (XIIème/XIIIème) était constituée d'un tümen entier.

Chaque cavalier emporte avec lui deux, voire trois arcs, deux cordes par arc, et une soixantaine de flèches. Un tümen a donc une puissance de tir de un million deux cent mille flèches….

L'arc mongol compte parmi les plus longs arcs composites (environ 1,50m).

Les perses, envahis par les troupes de Genghis Khan entre 1219 et 1335, ont également longtemps utilisé l'arc mongol, et avant cela l'arc turc sous l'influence de l'Empire Seldjoukide (1037-1194).



L'archerie turque

Les turcs (ou «turcois») sont issus des tribus turkmènes venues également des steppes, mais se sont sédentarisés très tôt. De ce fait ils ont pu développer au maximum la technologie de l’arc composite : le choix des matériaux, les techniques d’assemblages, etc, jusqu'à l'amener à son paroxysme durant l'empire ottoman (1299 – 1922).

C’est notamment à eux qu’on doit une entrée d’encoche resserrée afin que la flèche reste encochée seule. Les archers turcs sont célèbres pour des records de distance attestés : Le record absolu de tir à l'arc composite "naturel" a été atteint en 1550 avec une portée de près de 846m (source : Murat özveri). Une stèle toujours visible à Istanbul a été érigée en l'honneur de cet évènement. Pour comparaison, le record de distance avec un longbow «historique» a été mesuré en 1798 à 310m seulement (source : Sir Ralph Payne-Gallwey).

L'arc turc porte soit les noms arabes cités plus haut, soit des noms turcs : la poignée (kabza), les branches (sal), les leviers d'encoche (baş, prononcer «bash»), éventuellement complétés par des renforts en bois ou en corne (kasan), et la corde (kiriş, prononcer «kirish») forment l'arc (yay).

Les parties de la flèche ont pour nom : la pointe (firar), la hampe (uqba), l'empenne/plume (sarh) et le talon d'encoche (utra). Une flèche mesure entre 75 et 85cm. Certaines flèches de guerre pouvaient être équipées d'un système fixe sur la corde, pour tirer des flèches sans encoches : ainsi, l’ennemi ne peut pas réutiliser la flèche. Ce système permet également de tirer des flèches équipées de fausses encoches pourvues d'une lame : l’ennemi qui réutilise la flèche coupe sa corde !

Accessoires :

Contrairement aux arcs longs européens que l'on arme avec les doigts de la «main de corde» (plusieurs options sont possibles mais la plus courante est la préhension méditerranéenne : index au dessus de la flèche, et majeur et annulaire en dessous), les arcs composites, qu'ils soient turcs, mongols, chinois ou coréens, s'arment à l'aide d'un anneau de pouce.
Les anneaux de pouce turcs (zihgir) étaient en bois, en métal, en ivoire, en os, en corne ou en cuir. Ces anneaux signifiaient que la personne qui les portait était un guerrier. Avec le temps, ils sont devenus un symbole de prestige dans la société ottomane, et certains exemples ultérieurs ont tellement d'ornementation sur la surface à partir de laquelle glisse la corde d'arc qu'ils ne pouvaient pas être utilisés pour tirer. Les exemples survivants sont souvent faits de métaux précieux et richement décorés. Certains sont taillés dans des pierres précieuses.

Le siper et le majra sont des accessoires qui permettent de tirer des flèches plus courtes, et donc plus légères.
Le siper est une sorte de gouttière attachée à la main d'arc qui guide la flèche lors de la décoche.
Le majra est un mince morceau de bois avec un canal découpé et une petite dragonne dans laquelle on passe la main de corde. Le dispositif permet à l'archer de tirer des flèches beaucoup plus courtes que celles prévues pour l'arc. Il y a un débat parmi les historiens pour savoir si cet appareil était conçu pour tirer des flèches trop courtes pour que l'ennemi puisse les ramasser et riposter, ou s'il s'agissait d'un moyen de réutiliser des flèches cassées ou des carreaux d'arbalète.



Les avantages de l’arc composite ?

Autant, voire plus de puissance qu’un arc droit, pour moins d’effort, notamment grâce à l'effet levier des siyahs.
C'est un petit arc, donc plus maniable, plus léger, transportable bandé dans son carquois d'arc, et parfait pour le tir à cheval, discipline à laquelle ont excellés les peuples cavaliers des steppes, des mongols aux hongrois.
L'arc composite est certes long à fabriquer, mais si il est bien entretenu il dure bien plus longtemps qu'un longbow, et peut se transmettre de génération en génération, comme un héritage familial. De nombreux arcs composites étaient d'ailleurs de véritables œuvres d'art, recouverts de cuir peint et calligraphié, à la poignée incrustée de pierres précieuses.



Exercices et entrainement :

La furusiyya et les traités d'archerie turque proposent de nombreux exercices pour devenir une archer émérite :
- le tir à la bougie : éteindre une bougie en tirant sur la flamme, à 10 ou 15m
- le tir à la lame de l’épée : sectionner une flèche (sans pointe) en tirant sur la lame
- le tir à travers une archère : entrainement de défense d'une fortification
- le tir au drapeau : tir en cloche à 100m le plus près possible d'un drapeau planté en terre
- le tir à la ficelle : chaque archer tire 3 flèches dans une cible à 25m. Les juges attribuent une cordelette de 3m à chaque archer, et après chaque tir on entoure les 3 flèches, et on coupe - la boucle ainsi formée. Puis on recommence. Le gagnant est celui qui peut entourer ses flèches le plus grand nombre de fois.


Pour ceux qui n’aiment pas la guerre, le tir à l’arc c’est aussi le Kyudo («la voie de l’arc»), au Japon, qui vise à la transcendance du corps et de l’esprit par la concentration. Ou encore le tir à cheval, au galop, sur une cage fixée en haut d’un mat. Dans la cage, un oiseau qu'il faut libérer (mais on a depuis remplacé l'oiseau par une petite cible à atteindre). Cet exercice est toujours apprécié et pratiqué en Turquie où il s'appelle Qabak. Le tir à l'oiseau, issu de cette pratique, est toujours en vogue depuis le moyen-âge en France, notament dans le Nord, en Belgique et dans les Flandres. Celui qui libère l'oiseau devient pour un an le Roy de l'Oiseau, qui a donné son nom à la fête médiévale du Puy en Velay.